« La naissance d’un père » – Film et guide d’utilisation

« Comment aborder les pères et la paternité ?

Sous l’égide de la Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV) en collaboration avec männer.ch, le projet est constitué de la création de 5 films vidéo sur le thème de la place et du rôle des futurs pères au moment de l’arrivée d’un enfant dans le couple.

Quelles expériences habitent un homme qui devient père? L’épreuve de l’accouchement, sa participation du point de vue des professionnel-l-e-s des soins, l’allaitement et la parentalité sont autant de thèmes qui y sont abordés. Des témoignages de futurs pères sont enrichis par le point de vue de professionnel-l-e-s de la périntalité et complétés par des apports scientifiques. Pour les visionner avec sous-titrage anglais, allemand et italien :

www.naissancedunpere.ch

Un guide pratique s’adresse à toutes et tous les professionnel.le.s de la périnatalité, de la petite enfance ou d’autres domaines qui sont en contact avec les familles durant la périnatalité. Il a pour but de leur donner des moyens pratiques pour contribuer à renforcer la présence et l’implication des pères*[1] durant cette phase délicate de l’arrivée d’un enfant.
 

Guide pratique pour les professionnel.le.s de la périnatalité et de la petite enfance

[1] Sont mentionnés ici les hommes/pères. Les actions proposées concernent toutefois indistinctement le ou la partenaire de la (future) mère. A l’accouchement, elles concernent la personne choisie par la (future) mère pour l’accompagner.

Il a été réalisé par les porteurs du projet national « La naissance d’un père » :

                           

                         

Avec le soutien pour sa multiplication en Suisse de :

Pourquoi s’intéresser aux (futurs) pères ?

1. Parce que la paternité impliquée est un facteur de protection de la santé de la famille, et ceci de manière avérée à 3 niveaux :

√ Diminution des violences domestiques (Averdijk 2012). La probabilité d’un comportement violent de la part des pères est corrélée avec un manque d’engagement paternel.

√ Renforcement des compétences psychosociales des enfants (State of the World’s Fathers 2015). Une relation forte avec le père rend l’enfant plus compétent (plus de succès à l’école, plus robustes psychiquement, moins sujet à la dépression, aux doutes et aux angoisses). Les fils deviennent plus rarement délinquants et abandonnent plus rarement leurs études.

√ Amélioration de l’équilibre familial : Le « paternal involvement » diminue la probabilité de séparation/divorce et augmente la probabilité d’une réorganisation coopérative du système familial en cas de divorce (Bürgisser 2006). Il augmente la probabilité d’une relation durable et stable entre le père et l’enfant après la séparation/divorce (Ballnik et al. 2005).

Pour en savoir plus voici quelques références internationales et nationales:

Montrer les raisons Cacher

2. Parce que pour les (futurs) pères, prendre sa place dans la famille est tout sauf une évidence, ceci pour 3 raisons :

1. L’entrée dans la paternité est un chemin beaucoup plus solitaire que l’entrée dans la maternité.
En moyenne, les pères échangent moins d’informations, trouvent moins de modèles dans leur environnement et reçoivent moins d’aide que les mères. En conséquence, ils restent souvent seuls avec leurs sentiments et leurs questions et se lancent des défis.

2. Les attributions de rôles traditionnelles sont toujours efficaces :
la dimension des soins (soins, attention à l’autre personne) est souvent « automatiquement » attribuée et transférée aux femmes. Les pères sont alors au mieux abordés comme assistants et stagiaires dans la dimension des soins, mais ne sont pas intégrés dans l’histoire familiale en tant que parents égaux.

3. Les pères se sentent souvent « exotiques » dans le monde de la naissance et de la petite enfance.
Les institutions et les services s’adressent principalement aux mères, et les professionnels sont en majorité des femmes. Cela donne souvent l’impression aux pères – parfois à juste titre – que leurs besoins ne sont pas entendus.

→ Le doc-film « La naissance d’un père » vise à contrecarrer ces tendances.
Il rend visible les pères et leur sentiment de devenir père et montre comment les pères à plusieurs niveaux et à plusieurs facettes font face aux défis de l’accouchement. Et nous encourage ainsi à parler de la paternité. Entre pères. En tant que couple de parents. Parmi les professionnels. En public.

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Le film

Cinq épisodes du film traitent des thèmes centraux et des phases de la vie d’un père. 18 futurs et nouveaux pères de différentes cultures ont leur mot à dire. 14 experts parlent de leurs expériences et partagent leurs perspectives professionnelles.

Langue originale : français

Organiser des événements axés sur les pères autour de la naissance

Vous apprendrez ici comment le film documentaire « La naissance d’un père » utilise une méthode simple et stimulante pour faire de l’implication des pères dans le processus de la naissance un sujet de discussion : Par exemple, sous la forme d’un tour de table avec les pères, d’un événement de sensibilisation du public ou d’un atelier d’impulsion dans votre entourage professionnel.

Nous serions heureux de partager avec vous notre expérience dans la mise en œuvre des événements précédents. Si vous souhaitez travailler avec nous en tant que partenaire spécialisé dans la planification ou la mise en œuvre, nous serions heureux de vous entendre.

Le film est très bien adapté…

…pour les tables rondes avec des pères, qui visent à stimuler la discussion avec les pères sur leurs questions, leurs sujets, leurs sentiments sur le fait de devenir père ou d’être père.

…pour un événement public visant à sensibiliser les pères, les mères et les autres parties intéressées aux perspectives des pères autour de la naissance.

√ …pour une discussion entre spécialistes ou une formation continue, au cours de laquelle les professionnel.le.s peuvent dialoguer entre eux sur leurs expériences et leurs contributions, sur la manière dont ils impliquent (tentent d’impliquer) les pères dans la phase périnatale – et sur les domaines dans lesquels ils rencontrent encore des difficultés.

Le point de vue masculin est-il représenté lors de votre événement ? La participation d’un expert masculin augmentera la crédibilité de votre événement. Veuillez nous contacter si vous n’êtes pas en mesure d’en trouver un par vos propres moyens.

Trucs et astuces pour utiliser intelligemment les médias sociaux pour promouvoir votre événement

  1. Planifiez votre annonce dans les médias sociaux de manière spécifique : À qui voulez-vous vous adresser ? Sur quelles chaînes de médias sociaux ce groupe de personnes opère-t-il (Youtube, Facebook, Instagram etc.) ? Et à quels moments de la journée obtiennent-ils leurs informations de là ?
  2. Placez des messages courts, des phrases aussi simples que possible, toujours avec des images ou, mieux encore, une vidéo (par exemple la bande-annonce de notre film documentaire que vous pouvez trouver à l’adresse http://www.naissancedunpere.ch). Quelques déclarations des pères dans le film susciteront aussi la curiosité.
  3. Pensez à utiliser dans le texte des émojis et hashtags appropriés (par exemple #naissancedunpere ou #caringmasculinities) chaque fois que cela est possible.
  4. Restez actifs. N’ayez pas peur de faire référence au même événement plusieurs fois de manière différente. Planifiez un calendrier d’actions qui va attirer l’attention.
  5. Commencez si possible sur des canaux différents, avec des contenus différents, puis intensifiez vos activités là où elles génèrent une résonance plus forte.
  6. Veillez à ce que les personnes intéressées puissent obtenir des informations complémentaires en un seul clic et puissent également s’inscrire !
  7. Incluez votre réseau dans l’annonce des médias sociaux.
    • Demandez aux personnes et aux institutions qui vous sont proches de partager vos messages, de préférence avec un commentaire bienveillant.
    • Pour augmenter la portée de votre message, indiquez dans votre courrier les organisations ou les personnes intéressées ou amies à l’aide du symbole @.
  8. Vérifiez les statistiques sur vos messages ou annonces à intervalles réguliers pour identifier ou optimiser les messages et formats idéaux.
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Trucs et astuces pour mener à bien des événements en ligne

  1. Vérifiez les différents outils de plateformes à distance car tous ont leurs points forts, notamment sur le critère du nombre de participants attendus. Testez-la en petit groupe avant la rencontre à distance, en particulier la fonction de visionnement en commun du film ou de documents.
  2. Réfléchissez au nombre de participants que vous aimeriez avoir à l’événement en ligne. Selon notre expérience, il s’est avéré judicieux de débuter les inscriptions puis, selon l’état des inscriptions, de s’adresser spontanément aux personnes intéressées en leur demandant de placer le lien d’invitation sur leur site web (Newsletter/posts sur les réseaux sociaux).
  3. Limitez la durée des événements en ligne à max. 90 minutes ou prenez des pauses plus longues entre les différentes parties.
  4. Saluez en tant qu’hôte organisateur brièvement les participant.e.s et donnez une orientation concise sur les aspects techniques et de contenu. Cela donnera aux participant.e.s le temps d’arriver.
  5. Faites une introduction courte : selon notre expérience, 10 minutes maximum. Les accroches possibles : motivation des organisateurs.trices, anecdote personnelle sur le sujet, etc.
  6. Après la projection du film, donnez l’occasion aux participant.e.s de découvrir ce que le film a déclenché en eux.
  7. Brisez la glace lors du premier tour de questions/échanges en partageant vos propres interrogations, sentiments ou souvenirs liés à certains passages de l’épisode visionné.
  8. Stimulez l’approfondissement d’un thème en mettant en discussion les témoignages des pères dans le film, en reprenant une question du film ou certaines expériences/déclarations du film.
  9. Vous pouvez pour élargir le champ de la discussion poser les questions suivantes : qui peut faire quoi pour aider les pères à trouver leur rôle ? Que peuvent faire les mères ? Que peuvent faire les pères eux-mêmes ? Que font les couples en tant qu’équipe de parents ?
  10. Veillez ci c’est possible à ce que des représentant.e.s ayant des antécédents professionnels différents puissent répondre aux questions des participant.e.s. Dans l’idéal, bien sûr, cela devrait inclure un spécialiste masculin.
  11. Référez-vous aux recommandations du film et donnez des exemples concrets sur la façon dont vous les avez déjà mises en pratique ou dont vous voulez la mettre en pratique à l’avenir.
  12. Indiquez, si elles sont disponibles, les offres où les pères sont les bienvenus ou les endroits où vous pouvez obtenir des informations complémentaires, par exemple sur le site naissancedunpère.ch.
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15 recommandations de bonne pratique pour impliquer les pères autour de la naissance

Le film montre non seulement les voix des pères et des experts, mais il fait également le point sur la manière dont les pères peuvent être mieux impliqués. Les expériences de meilleures pratiques et les résultats des études sont résumés dans 15 recommandations inspirées et adaptées des recommandations de l’OMS.

Les recommandations sont très bien adaptées…

…pour savoir où vous en êtes en ce qui concerne la participation des pères à la naissance.

…comme une suggestion pour la planification de mesures concrètes afin de rendre (encore) mieux justice aux pères. 

Devenir père et parent… mais pas que

Créer le cocon familial

La fierté de devenir père de famille. La joie de faire connaissance avec le bébé après des mois à attendre. Le soulagement car la maman et le bébé vont bien après l’accouchement. Mais c’est aussi le souci pendant la grossesse quand sa compagne ne va pas bien ; si le bébé ne va pas aussi bien que souhaité ; si c’est différent que prévu. Avec l’arrivée de la paternité beaucoup de choses changent en peu de temps. Les repères qu’on avait ne sont plus aussi utiles. On peut se sentir un peu perdu. C’est normal. C’est ce que tous les pères et les mères vivent ! C’est normal que l’on se sente dépassé parfois. Il n’y a aucune honte à cela ! Soyez compréhensif vis-à-vis de votre partenaire si elle craque. Encouragez-vous ! Allez chercher du soutien autour de vous. Contactez des professionnel.le.s, sans gêne. Ils sont là pour vous !

Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’y a pas une manière parfaite pour devenir parent. Cela s’apprend chaque jour, en faisant les choses. Chaque parent, le papa et la maman, est capable de s’occuper de l’enfant. Chacun avec sa manière. Le bébé est bien quand il sent que l’on satisfait ses besoins de base. Pour s’occuper du bébé, il faut être en forme, donc bien dormir. Ce n’est pas facile car au début le bébé ne dort pas toute la nuit. Il doit manger souvent. Il faut donc faire attention que le père qui travaille dorme assez. Il faut aussi que la mère puisse se reposer. C’est la chose la plus importante à organiser au début. Quand on ne dort pas assez, notre humeur change, on peut avoir des peurs, des angoisses, être irritable même violent. Les deux parents doivent aider l’autre à bien récupérer : dormir au salon ; faire des siestes durant les pauses au travail, etc. Le père n’a que quelques jours pour accueillir la famille à la maison. C’est donc un gros stress quand il retourne au travail de laisser sa compagne et son enfant à la maison. Il peut se sentir inutile, impuissant. Il peut parfois avoir le sentiment de manquer quelque chose. Il peut même penser qu’il est mis de côté par la mère et l’enfant. Ces pensées arrivent régulièrement chez les pères. C’est normal.

Une manière efficace pour en avoir moins, c’est de faire des choses concrètes pour la famille. Par exemple, prendre la responsabilité de certaines tâches de la maison. S’occuper tout seul, sans l’aide de la mère, de tout ce qui concerne les achats. Cela permet au père de s’intégrer à la vie de famille car il doit savoir tout ce qui se passe pour acheter ce qu’il faut. Une autre manière c’est d’en parler avec d’autres papas qui vivent ou ont vécu la même chose. Cela permet d’échanger des trucs pour mieux s’en sortir. Et ça fait tellement de bien de voir qu’on n’est vraiment pas le seul avec ces soucis !

Prendre soin du couple amoureux du début

Au retour à la maison, les deux nouveaux parents sont centrés sur le bébé. Pourtant le couple d’avant l’enfant doit continuer à exister. C’est grâce à lui que l’enfant est là ! Mais beaucoup de choses ont changé. Après l’accouchement, le corps de la femme est différent. Il faut apprendre à le redécouvrir, comme une première fois. Simplement avec plus d’attention encore car il a souffert. La femme a besoin de temps pour accepter son nouveau corps. C’est l’occasion d’être attentif à ses besoins. Mais il faut aussi lui dire vos besoins pour trouver une manière de faire qui va pour chacun des deux. Cela ne sera pas parfait dès le début mais beaucoup mieux que si chacun souffre en silence. Il faut garder vivant ce lien physique et sensuel du couple amoureux. Etre patient et confiant en l’autre et aussi reprendre rapidement les activités que le couple faisait avant l’enfant. La relation avec le bébé ne remplace pas la relation entre les deux partenaires du couple.

Prendre soin de soi-même : pas évident pour un homme éduqué comme tel

Dès qu’un nouveau rythme de vie est trouvé, chaque parent peut refaire des choses pour soi. Voir ses amis, faire son sport, sortir. Prendre aussi du temps pour faire le point sur son niveau d’énergie, ce qui va bien, ce qu’il aimerait changer, ce qui lui manque pour se sentir mieux au fond de lui-même. Cette discussion, le père peut la faire avec lui-même. S’il arrive à la faire avec sa compagne, c’est un plus. Lui parler en « Je » sur ce qu’il ressent. Lui dire « Je me sens mal en ce moment » ou « J’ai l’impression que le moral retombe maintenant après le stress de l’accouchement ». Exprimer ses émotions n’est pas un signe de faiblesse. Au contraire, cela montre que vous faites confiance à votre compagne, que vous vous ouvrez à elle. C’est une preuve d’amour. C’est comme cela que vous créez une équipe. Et vous aurez besoin d’être une équipe solide pour vous occuper de votre enfant durant toute une vie !

Choisir son mode de vie familial : répartition du travail rémunéré et non rémunéré au sein du couple

L’arrivée du premier enfant dans un foyer a également un impact sur la répartition des tâches ménagères au sein d’un foyer, dans le sens défavorable aux femmes. En effet, les évidences montrent, qu’en Suisse, la répartition des tâches ménagères est peu discutée à l’inverse de l’investissement de chacun des deux parents auprès des enfants. A nouveau, les contraintes économiques jouent un rôle prépondérant : la diminution ou l’arrêt total des activités rémunérées d’une jeune mère résulte du fait qu’elles ont souvent un salaire moins important que leur partenaire, ou qu’elles sont jugées, sur la base d’une différence supposée naturelle entre les deux sexes, plus aptes à la réalisation des tâches domestiques. De plus, les deux parents n’ont pas le même type d’activité avec leurs enfants. Alors que le père passe du temps avec son enfant surtout le soir pour différentes activités récréatives, la mère est présente durant toute la journée et prend proportionnellement moins de temps pour les activités récréatives mais plus pour les soins de base (MenCare Suisse – Report Vol. 1, 2016).

L’empreinte MenCare : quelle est ma contribution aux activités domestiques ?

La Constitution suisse garantit l’égalité de fait entre les femmes et les hommes, dans tous les domaines de la vie. Donc aussi pour la répartition entre les activités rémunérées et non rémunérées (travail domestique) ? Cela semble juste. Mais est-ce vraiment le cas ? En fait, dans la réalité, les femmes font environ les 2/3 du travail non rémunéré. Les hommes, 1/3. Pour plus de détails, vous pouvez lire notre rapport : L’empreinte MenCare. Elles font le double de nous. Pour le travail rémunéré, c’est exactement le contraire. Les hommes font le double des femmes. Cela vous semble un peu biaisé ? Ça l’est effectivement. Alors, vérifiez quelle est votre situation à la maison et faites le test en répondant à 10 questions rapides!

La charge mentale domestique

En fonction du mode de vie souhaité ou contraint, le couple va répartir différemment les activités domestiques et éducatives. Dans un couple dit inclusif, le père prendra des responsabilités identiques à celles de la mère, avec la charge mentale qui y est associée. Cette notion de charge mentale n’est pas toujours facile à saisir pour les futurs pères. Ils la comprennent intellectuellement mais ont plus de difficulté à saisir sa signification concrète. La charge mentale ne consiste pas seulement dans la réalisation de tâches mais s’exprime principalement dans le fait de penser à ses tâches et d’avoir le souci de les organiser et de ne pas les oublier.

Sa gestion semble être un facteur prépondérant dans la mise en place d’un bon équilibre à long terme de la vie familiale et de couple. Dans la grande majorité des cas, l’homme et la femme ont tous deux une activité rémunérée, l’homme souvent à plein-temps et la femme à temps partiel. Or, si les soucis domestiques ne sont portés que par la femme, ils deviennent rapidement trop lourds et intenables (burn out maternel, divorces). Dans les faits le père, en tant que coparent, remplit une partie croissante des tâches même s’il a souvent un taux d’occupation supérieur. Mais cela ne suffit pas. Pour partager vraiment cette charge, il doit également prendre la responsabilité de ces activités, comme il le fait à son travail, tout seul, sans solliciter en aucune manière sa partenaire. Par exemple, il évite d’envoyer des SMS à sa compagne pour lui demander quand il fait les courses où est le lait et s’il faut de la farine… Sinon, in fine, c’est elle qui en réalité organise les courses. Or c’est justement cela qui lui pèse. Le partenaire en est tout à fait capable. Ce faisant il allège le fardeau de la mère qui porte la plupart du temps la double responsabilité professionnelle et domestique.

Pour beaucoup de femmes, la charge mentale est une réelle souffrance que leurs partenaires n’évaluent pas à son juste niveau. La responsabilité domestique n’est pas de même nature que les soucis d’ordre professionnels, notamment sur le plan émotionnel. La gestion de la santé des enfants est un exemple parlant. La mère qui doit assurer seule une situation critique autour de la santé de l’enfant durant la journée aura porté seule l’ensemble du stress. Lorsque le père rentre du travail, il trouvera souvent une situation sous-contrôle, s’en félicitera et en félicitera sa partenaire, ceci sans même imaginer la tension émotive portée par celle-ci. Partager la charge mentale ne consiste donc pas seulement à « aider sa partenaire » voire pire « lui rendre service » mais à prendre la responsabilité de parent, indépendamment de l’autre parent. L’enjeu se situe dans la responsabilité globale de penser, organiser et contrôler les activités. Ce qui épuise les parents qui portent seul.e.s l’économie familiale, c’est l’addition toutes ces choses « à ne surtout pas oublier ». Or, l’énergie de la famille est une même entité. Il faut donc que le couple mette en place une réflexion précise et engagée autour de la manière de conserver un niveau d’énergie suffisant pour assurer au mieux les programmes familiaux hebdomadaires souvent très lourds.

Pour ce faire, la répartition claire de la responsabilité des différentes activités dans le couple est incontournable. Il existe différentes stratégies pour gérer au mieux cette répartition des responsabilités familiales mais toutes vont nécessiter dialogue et négociation. Les critères de répartition sont importants : plaisir/déplaisir/ indifférence à faire une activité ; moments de la journée/la semaine ; type d’activité ; répartition dans le temps, etc. Cette répartition de la charge mentale peut être rediscutée régulièrement au fur et à mesure du développement de l’enfant et de la situation familiale. Le partage de la charge mentale domestique et éducative entre les deux partenaires du couple parental signifie concrètement qu’il y a deux coparents et non pas une mère et un parent de « réserve » quand il y a une urgence ou une décision importante à prendre pour l’enfant. Chaque coparent est un parent de l’enfant à prendre en charge. Son rôle ne définit pas en fonction des besoins de l’autre partenaire mais bien des besoins de l’enfant.

Prendre soin de son équilibre de vie : s’écouter au plus profond de soi

Le terrain du care (du soin aux autres et à soi-même) est l’un de ceux que les hommes commencent seulement à défricher. La « répartition » millénaire des activités en deux sphères distinctes (l’intérieur, le care vs l’extérieur, la domination) se traduit encore actuellement dans la reproduction d’une éducation et d’un environnement genrés. Un garçon aura bénéficié tout au long de sa vie de soins majoritairement prodigués par des femmes, au sein de la famille et dans le monde professionnel. Comment avec un tel modèle peut-il intérioriser que les hommes sont eux aussi capables de fournir des prestations de soins, en tant qu’être humain mais aussi en tant que professionnel ?

Les hommes qui réussissent à trouver leur place dans une fonction de care, soit au niveau personnel (père) ou professionnel et social (bénévole ou professionnel des soins) ont su dépasser les injonctions genrées, les freins et les situations discriminantes produites par la société.  Pour y arriver, ils ont probablement dû faire  preuve d’une conviction personnelle importante, d’un haut niveau de résilience et/ou s’appuyer sur un environnement soutenant. En sortant du « mainstream », du courant dominant, de ce qui est attendu d’eux, ces hommes ont initié un processus personnel et intime autour de leur identité masculine. Ils se sont interrogés sur ce qui définit leur masculinité : moi ? mon environnement ? la société ? mes comportements ? mes actes ? Cette démarche soutient leur développement personnel et leur permet de découvrir et visiter leur sphère intérieure, de mieux connaître leurs valeurs personnelles et d’identifier celles dans lesquelles ils se sentent le mieux. Ce dépassement de la définition sociale de la masculinité (restreinte à la virilité) demande d’aller découvrir, souvent seul, un territoire inconnu en réinterrogeant un modèle de masculinité dominant : « les valeurs qui définissent « les hommes » dans ma société sont-elles vraiment les miennes ? », « Qu’est-ce qui m’appartient et ne m’appartient pas ? » De plus en plus d’hommes semblent activer ce processus de manière consciente et lucide. Mais force est de constater que pour le déclencher, il faut encore bien souvent une situation de crise (licenciement, burn out, accident, séparation, maladie, etc.) qui impose un temps de réflexion sur sa vie et les ingrédients qui lui donnent du sens. Un temps qui permet aux hommes de s’arrêter, de respirer et de décider d’apprendre à mieux connaître une autre facette d’eux-mêmes.

Le temps de la paternité est un moment particulier qui favorise l’ouverture du futur père à ses ressentis. La puissance de la vie s’impose à lui. Il apprend le lâcher prise et la perte de contrôle. Il découvre avec délice, crainte ou courage, de nouvelles facettes de son être. Il doit apprendre à se créer une place dans la famille qui se forme et à définir son rôle de père et de parent, en négociation permanente avec sa partenaire. Ce monde de la naissance n’est pas le sien. Il doit le découvrir et l’apprivoiser pour pouvoir s’y mouvoir le plus librement possible en gérant les injonctions reçues selon lesquelles il n’est pas aussi apte que la mère à remplir ses obligations. Le regard de la mère sur la manière dont le père prend soin du bébé sera décisif. Le nouveau couple parental, sera plus fort s’il fait équipe dans une confiance réciproque autour de l’enfant.

Ressources pour les pères durant la périnatalité

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Gilles Crettenand

Gilles Crettenand

Coordinateur MenCare Suisse romande

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